Il mord, il tape, il tire les cheveux et pique les jouets des autres… Quand vous voyez la réaction de tel ou tel bambin, une pensée vous vient en tête : cet enfant est-il foncièrement méchant ? Existe-t-il des enfants « naturellement » méchants ?
Selon la psychanalyste, Claude Hamos. La réponse est non : un enfant ne nait pas « méchant » mais il ne naît pas gentil non plus. Car un jeune enfant n’est pas guidé spontanément par des principes civilisés. Au contraire, c’est la pulsion et la satisfaction de son plaisir qui sont ses moteurs !
Il veut quelque chose, il le prend, que ce soit à lui ou pas. Tout ce qui compte, c’est le plaisir que cette action lui procurera. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Sans oublier qu’un enfant a une vision du monde très égocentrique. Il se place au centre du monde et toutes les attentions convergent vers lui. Alors pourquoi ses moindres désirs ne seraient pas satisfaits ?
C’est donc aux parents qu’il revient de la lourde responsabilité à l'éduquer et de le civiliser. Il va falloir lui apprendre, jour après jour, les règles de la vie en société : ne pas faire mal, ne pas voler les jouets, ne pas agresser, respecter les autres… C’est un travail minutieux, de longue haleine : il y a des interdits à ne pas transgresser (inceste…) et des lois à respecter (respect de la vie, de la propriété…), des principes à intégrer.
Et surtout, il ne faut pas se contenter d’inculquer des principes : il faut aussi les faire appliquer et si nécessaires sanctionner en cas de non-respect. Il ne faut pas s’y tromper : il n’y a pas de petites transgressions et il faut se montrer ferme dans toutes les situations, même si l’enfant a "seulement donné une petite tape ou volé un objet sans valeur".
Il devra comprendre que la vie a une valeur suprême, que la loi a un sens et qu'il faut respecter l’altérité et l'intégralité physique des autres. Tout au long de sa vie, l’enfant devra intégrer ces valeurs afin d'être capable de maîtriser ses pulsions. En grandissant, il apprendra petit à petit qu’il peut satisfaire ses pulsions autrement. Votre bambin veut absolument jouer avec la voiture de son copain ? Il n’a pas le droit de la lui prendre de force mais peut-être qu’en demandant gentiment, son copain pourra lui prêter !
Pourtant si les gestes violents se répètent, il faut s’interroger. Quelle souffrance cherche-t-il à exprimer ? Quel manque l’affecte ? Il ne faut pas laisser un enfant s’enfermer dans un rapport agressif aux autres. Souvent, une aide extérieure est alors nécessaire pour désamorcer ce processus.