Récemment Mark Zuckerberg faisait part de la venue du premier enfant du couple, en évoquant les fausses couches qu'ils avaient dû surmonter. "Nous essayons d’avoir un enfant depuis plusieurs années et avons vécu trois fausses couches, écrivait-il sur son mur Facebook le 31 juillet dernier. C’est une expérience solitaire. La plupart des gens ne parlent pas des fausses couches; nous avons peur que nos problèmes créent une distance entre nous et les autres, qu’ils nous voient uniquement à travers ça – comme si nous étions défectueux ou coupables, d’une manière ou d’une autre. Alors, nous luttons seuls." Il devenait ainsi le premier homme célèbre à parler de ce tabou, laissant entrevoir la douleur silencieuse de ces hommes confrontés eux aussi au deuil.
Le témoignage de Marc-André, déjà papa de deux filles nées d'une première union est poignant. Avec sa nouvelle compagne, il décide d'avoir un enfant. Mais tout ne se passe pas comme il le souhaite, sa compagne fait une fausse couche puis une deuxième. Il se dit très touché par ces fausses couches, surtout la première qui est survenue au bout de 4 mois de grossesse (la plupart des fausses couches ont lieu lors du premier trimestre). Avec les nouvelles technologies, des projections 3D de l'enfant sont proposées aux parents. Ann Zamudio racontait dans le Huffington Post: "Les hommes se sentent tout aussi concernés que les femmes quand le test de grossesse se révèle positif. Leur imagination s'emballe, ils s'inquiètent, se mettent à rêver... Une femme se sent mère même si son enfant ne survit pas. De la même manière, un homme a beau ne pas ressentir les nausées, la fatigue et l'ensemble des maux liés à la grossesse, il n'en est pas moins père".
Ainsi, le deuil périnatal a des conséquences différentes chez l'homme et la femme. Cette dernière endure les conséquences physiques et psychiques d'une fausse couche. L'homme, qui est de plus en plus impliqué par la grossesse de sa conjointe, doit également surmonter ce deuil, mais d'une manière différente. Depuis 1980, les hommes peuvent venir en salle d'accouchement, preuve d'une implication croissante.
Qui pense à demander aux hommes comment ils se sentent suite à une fausse couche? Hélas pas grand monde. On s'enquiert naturellement de la santé psychologique et physique de la maman en oubliant l'autre personne à l'origine de ce projet de grossesse: l'homme. Mais tout ceci est peut-être dû au rôle qu'on essaye de donner à l'homme: être l'homme de la maison justement, fort et qui sache consoler sa compagne quand elle souffre. Difficile dans ce cas de montrer du chagrin ou de la tristesse suite à la perte d'un enfant. La compagne, elle-même en oublie parfois de demander à son conjoint comme il traverse cette épreuve. Alors qu'à deux, il est beaucoup plus facile de se reconstruire.
L'année dernière, une étude menée par Miscarriage association s'intéressait à la situation du papa lors d'une fausse couche. Avant la fausse couche, la majorité des conjoints se disaient heureux, excités, enchantés ou encore ravis de la grossesse de leur compagne. 55% avaient déjà choisi un prénom, plus de la moitié avait lu un livre sur la grossesse et un tiers un livre sur le fait d'être parent. Après la perte de l'enfant, la plupart des partenaires ressentaient de la tristesse, du chagrin ou étaient bouleversés. 22% d'entre eux déclaraient s'être sentis invisibles et avaient l'impression d'avoir été mis à l'écart par le personnel médical, qui s'occupait de la maman.